Dhyâna

Pour commencer, quelques phrases à propos de Dhyâna, la méditation en yoga :

“Si la racine du mot méditation évoque le médius – le centre -, elle contient aussi l’origine du mot médecin (celui qui prend soin de) et j’aime particulièrement cette deuxième entrée dans le mot méditation. En effet il s’agit de prendre soin de qui nous sommes dans notre profondeur, afin de réaliser pleinement notre humanité.” Anne Marie Hebeisen, professeure de yoga et pratiquante de méditation Soto Zen.

“Pour les hatha-yogins, le rôle du corps est très important. La méditation s’appuie sur un silence du corps représenté par une assise immobile, stable et dans un état de paix intérieure qui prédispose à l’expérience. Il s’agit d’expérimenter une acuité de conscience d’être…”
Boris Tatzky, professeur de yoga, élève de Roger Clerc et de TKV Desikachar.

“Maîtriser l’esprit ne signifie pas lui imposer de nouvelles contraintes qui le rendrait encore plus étriqué et tendu. C’est au contraire l’affranchir de l’emprise des conditionnements mentaux et des conflits intérieurs entretenus par les pensées et les émotions.” Mathieu Ricard, moine bouddhiste

“C’est la conscience qui permet de saisir ce qui se présente à nous, ce qui nous devient présent. Le fait de se percevoir, de s’observer, a pour conséquence de pouvoir se considérer comme un autre, d’être à la fois sujet et objet.”
Michel Couade, psychiatre.

Et ainsi de se rencontrer soi-même…

PRÉPARER LE CORPS

L’une des vertus du Hatha-Yoga est de préparer l’état intérieur par des séries de postures, libérant les tensions physiques et mentales, accroissant l’intériorité et stabilisant l’attention.
Le corps est ainsi préparé pour que le bassin reçoive le poids du haut du corps, pour que le dos et la tête restent droits sans tension et que les épaules puissent se relâcher durablement.
Le corps doit rester rigoureusement immobile tout en relâchant sans cesse l’effort consenti pour cette immobilité maintenue.

Les Yoga Sutra de Patanjali évoquent cette discipline du corps dans la posture, âsana, 3ème anga (membre) du yoga selon Patanjali, dans trois sutra importants :

YS II 46 sthira-sukham-âsanam  “La posture est ferme et agréable.” (= la définition d’âsana)

Il est donc important de trouver la sienne et de ne pas hésiter à s’asseoir sur une chaise si nécessaire. La décontraction existe parceque l’effort est juste.

YS II 47 prayatna-shaithilya-ananta-samâpatti-bhyâm
“Combinant à la fois un effort intelligent et décontracté, et la méditation sur (les qualités) d’ananta (le serpent symbolisant l’infini, l’éternité).” (= la technique pour âsana)

YS II 48 tatah dvandva-anabhighâtah
“En conséquence, il n’y a plus de perturbations consécutives aux couples d’opposés.” (= le fruit d’âsana)
Les situations les plus extrêmes ne peuvent plus déstabiliser le yogin. Il n’est plus tiraillé. La pratique posturale se mesure en terme d’ ”assise intérieure”.

PRÉPARER L’ESPRIT

Pour améliorer le calme du mental et sa vigilance, les Yoga Sutra préconisent l’usage du contrôle de la respirationNous franchissons ainsi l’étape qui va du mental dispersé au mental attentif au présent, mettant en éveil nos sens intériorisés.

Le prânâyâma, 4e anga, la maîtrise du souffle, est décrit dans les YS II 49 à 52.
YS II 49  tasmin-sati-shvâsa-prashvâsayoh-gati-vicchedah-prânayâma
“Cela réalisé, la maîtrise du souffle s’acquiert par l’arrêt du mouvement (ordinaire) de l’inspiration – expiration.”

Le prânâyâma est la présence d’une respiration calme, paisible, consciente, contrôlée, régulière, rythmée… C’est tout “l’art et le plaisir de respirer” disait Krishnamacharya.

La pratique du prânâyâma est un puissant exercice de concentration.
En réduisant l’agitation et la lourdeur, le prânâyâma permet l’expérience de l’intériorisation, quand les sens, les indriya, sont tournés vers l’intérieur.
C’est pratyâhârah, le 5e anga décrit dans les YS II 54 et 55.

Alors la dispersion du mental est vaincue et l’attention est totale.
C’est dhâranâ, 6e anga.
YS III 1 desha-bandhah-cittasya dhâranâ
“La concentration est la fixation du mental en un lieu (ou une direction).”

Ainsi l’esprit et le corps sont prêts à s’ouvrir à l’énergie de l’objet de méditation et à une présence intérieure totale.

C’est dhyâna, la méditation, le 7ème anga du yoga selon Patanjali.
YS III 2 tatra pratyaya-ekatânatâ dhyânam
“La méditation est la résonnance prolongée là, uniquement dans ce contenu mental.”

« Méditer peut aider à s’extraire d’une préoccupation paralysante, à prendre du recul et ne plus s’impliquer personnellement avec la même intensité qu’avant. » Andrée Maman, professeure de yoga et médecin.

  • PATANJALI YOGA-SÛTRA traduction et commentaire Frans Moors Les cahiers de présence d’Esprit – 2012
  • « Méditations sur la méditation », Revue Française de Yoga n°56 – juillet 2017
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