Les cakra

À la suite des deux ateliers consacrés à l’expérimentation dans la pratique de yoga des différents lieux intérieurs de passage de l’énergie, je vous propose en suivant un aperçu de ce que l’on nomme cakra dans le Hatha Yoga.

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Les cakra n’appartiennent pas au corps biologique et les mettre en relation avec des éléments d’anatomie n’est pas fondé. En effet le corps yoguique est un corps imaginal où la notion de cakra fait appel à des représentations visuelles et symboliques.
À partir de la rédaction des Upanishad du Yoga, au début de notre ère, le corps humain est vu comme un monde intérieur avec en son sein des localisations spécifiques.
Le corps est considéré comme un microcosme à l’image du macrocosme, de l’univers !
On y retrouve le soleil situé vers le nombril et la lune au milieu du front.
La Chandogya Upanishad (Ch VIII v I,3) décrit l’espace du coeur, le centre de notre espace intérieur, ainsi : « Aussi vaste que l’espace qu’embrasse notre regard est cet espace à l’intérieur du coeur (…) Le ciel et la terre y sont réunis, le feu et l’air, le soleil et la lune, l’éclair et les constellations. ».

Le premier sens du mot cakra signifie roue, le symbole de l’énergie cinétique. Les rayons, en tournant, développent une énergie qui se concentre dans le moyeu.
À l’image des cakra situés sur la nâdi centrale du corps sushumnâ, et parfois à l’intersection des deux autres nâdi principales : idâ et pingalâ, qui distribuent ou bloquent l’énergie circulant dans ces nâdi.
On parle souvent des 7 cakra mais il en existe beaucoup plus et on peut en compter 12 principaux.
En partant de l’ancrage du bas du corps sur la Terre dans le sens de l’ascension de l’énergie, on peut situer, au niveau du périnée, MÛLÂDHÂRA CAKRA, mûla (base, racine) âdhâra (support, socle).
Si l’on se concentre juste au dessus, dans l’espace des organes génitaux, on visualise SVADHISTHÂNA CAKRA, sva (soi-même) adhishthâna (fondement, siège).
L’espace du nombril est défini dans les Yoga Sûtra de Patanjali comme le nâbhi cakra, la roue du nombril. Les Yoga Sûtra ne font en revanche aucune autre référence aux cakra. Pour le Hatha Yoga, cet espace de sensation est relié à MANIPÛRA CAKRA , mani (joyau) pûra (abondance, plénitude), et à l’évocation du soleil intérieur.
Ensuite vient KUNDALINI (celle qui possède des anneaux, qui est enroulée sur elle-même) CAKRA, au dessus du plexus solaire, et qui est relié à la représentation de l’Énergie latente comme un serpent lové, la tête en bas vers la zone de la racine. Ce serpent se déploierait vers le haut quand l’énergie s’éveille…
Au centre du corps yoguique se trouve ANÂHATA CAKRA, an (préfixe privatif en sanskrit) âhata (frappé), l’espace du son non-frappé. C’est le son originel qui résonne au centre de l’espace du coeur. En son centre, au plus profond de nous-même, réside le lotus du coeur HRIDAYA (coeur) CAKRA.
La gorge, la nuque et les oreilles sont reliés à l’espace de VISHUDDHA (purifié ou vishuddhi, purification) CAKRA. Ce lieu de nettoyage est une porte d’entrée dans l’espace des cakra du haut, qui sont reliés à des énergies plus subtiles encore.
Au centre des sourcils se trouve ÂJNÂ (commandement) CAKRA qui est représenté par un lotus à deux pétales, l’un étant l’autorité du guru et l’autre, l’autorité de notre propre expérience. Le mot cakra peut aussi se traduire par « lotus » !
Juste au dessus de âjnâ, on place la lune pour garder la tête froide ! CHANDRA CAKRA se situe au milieu du front et dans les images de Shiva on peut apercevoir, à cet endroit ou un peu au dessus, un croissant de lune. Derrière Chandra, on s’installe dans la perception de AMRITA (l’élixir d’éternité) ou VYOMA ( le ciel, l’espace, l’atmosphère) CAKRA. C’est le « point source » du Yoga de l’Énergie !
Enfin pour terminer ce voyage intérieur, nous arrivons sur le lieu de la « Porte de Brahma »- Brahma Randhra où se place un lotus à mille pétales, ou une roue à mille rayons, et que l’on nomme SAHASRARA CAKRA.
Là nous entrons dans l’indéfinissable, l’imperceptible, l’invisible, ALAKSHYA

La pratique du yoga, par son effet sur le redressement du corps, va favoriser la libération de la circulation d’énergie. Elle va aussi affiner la perception intériorisée des différents lieux associés aux cakra en développant le regard intérieur et l’intériorisation des sens.
On ne peut les appréhender que par l’expérience pour en ressentir, pour observer leurs effets en soi.
Pour cela, l’accompagnement d’un enseignant bien formé est indispensable !

Les postures de yoga peuvent être mises en relation avec chaque cakra en favorisant la concentration dans ces lieux et par leur effet d’ouverture de l’espace intérieur. Le prânâyâma, la respiration consciente, va agir sur la libération du souffle-énergie à travers ces zones. On pourra aussi guider le regard intérieur et installer la visualisation de couleurs ou des cinq éléments associés aux cakra, grâce aux méthodes de relaxation profonde du type yoga nidra.
Il est important de rester dans l’observation fine des effets de ces différentes techniques en soi car ce sont l’expérience et le ressenti personnels qui donnent foi aux théories relatives aux cakra.

Je remercie particulièrement Boris Tatzky et Jean-Michel Creisméas qui ont guidé ma propre expérimentation, grâce à leur connaissance précise des cakra, lors d’un stage sur ce thème.

  • corps subtil et corps causal – Tara Mickaël – le Courrier du livre – 1998
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