Dans la pratique du yoga, nous prenons conscience de nos différents côtés, de nos polarités et de nos complémentarités.
C’est le cas dans les postures de flexions latérales où nous travaillons en général d’abord sur le côté gauche puis à droite pour améliorer l’étirement musculaire et le péristaltisme, entre autres, mais aussi pour la respiration.
Mais qu’est-ce que cela implique au niveau du cerveau ?
On parle du cerveau gauche et du cerveau droit. Pourquoi et quelles sont les différences entre les deux ?
Pour essayer de répondre aux élèves qui me posent souvent ces questions, je vous propose un résumé de l’article de Andrée Maman paru dans la Revue Française de Yoga n° 14 – les flexions latérales.
Pour le cerveau
« Le cerveau baigne dans un liquide qui lui est propre et à l’intérieur duquel il évolue indépendamment du milieu intérieur, ce qui lui confère une certaine indépendance. Plus on s’élève dans la hiérarchie de l’évolution des êtres organisés et plus la barrière est étanche. »
Il existerait trois « cerveaux » qui se sont superposés au cours du processus évolutif.
Évoquons-les brièvement :
° Le cerveau reptilien ou archaïque qui assure la survie de l’individu et de l’espèce.
° Le cerveau paléo-mammalien, affectif, appelé système limbique, comprenant le lobe limbique et l’hypothalamus. Il régit les émotions, les motivations qui impliquent affectivité, émotivité, mémoire et subjectivité. C’est grâce à la mémoire à long terme que l’apprentissage est possible.
° Le néo cortex, coiffant le tout, qui n’existe que chez les primates supérieurs. « À ce niveau chez l’Homme, s’est particulièrement développé le lobe frontal qui a contribué à sa verticalisation et à sa faculté d’adaptation. En agissant à partir de l’impression laissée dans la mémoire par l’expérience passée et en s’appuyant sur les faits présents, il devient apte à anticiper. La créativité devient alors possible. «
Le cerveau est constitué de deux hémisphères, droit et gauche réunis par une lame fibreuse appelée « corps calleux », qui permet la communication entre les deux.
Chaque hémisphère commande les mouvements des membres du côté opposé.
Les deux hémisphères ne sont ni égaux ni identiques. Leur développement différentiel va dépendre de plusieurs facteurs et va s’enrichir de la somme des expériences vécues.
En général c’est le cerveau gauche qui domine pour les mouvements et la parole.
Le cerveau gauche cortical adopte une pensée rationnelle, analytique. Il préfère le raisonnement logique et le calcul. Il est capable d’élaborer des théories et des schémas.
Le cerveau gauche limbique va donc être méthodique, observateur et va pouvoir progresser vers une solution.
Le cerveau droit cortical a le sens de la découverte, de l’imprévu. Il a une vision plus globale qui lui permet d’élaborer des concepts. Il est intuitif, en musique il saisira mieux le timbre et la mélodie. Il ne verbalise pas mais « voit » davantage les choses. Le cerveau droit limbique va donc mieux comprendre les émotions dans une recherche d’harmonie et d’écoute.
« Bien sûr il est rare qu’un individu ne présente que les seules caractéristiques de l’un ou l’autre hémisphère. Néanmoins des tendances prédominantes peuvent exister.
C’est grâce à l’intégration chez chacun d’entre nous des données des deux hémisphères cérébraux que peut être la conscience de soi. »
Pour la respiration yoguique
« Les respirations dites « yoguiques » sont des respirations complètes qui utilisent toutes les potentialités respiratoires, musculaires et pulmonaires: elles sont amples, lentes et subtiles disent les textes.
Elles ont pour vertu d’exciter les terminaisons nerveuses de chaque narine à partir de laquelle part un circuit énergétique (ida à gauche et pingâla à droite) conduisant l’énergie qui nous anime (Präna) vers un foyer qu’elle entretient. »
Harmoniser le fonctionnement de ces deux circuits aidera à faire pénétrer dans l’organisme une plus grande qualité de Prâna.
Dans la tradition indienne, il y a une similitude entre le macrocosme et le microcosme que nous sommes.
Le dynamisme vital est symbolisé par des couples d’opposés, les dvandva, tels que le jour et la nuit, le froid et le chaud et aussi le bonheur et le malheur, l’amour et la haine, le succès et l’échec… Sur le plan musculaire également avec les modalités contraction-étirement et sur le plan respiratoire le fonctionnement binaire de l’inspiration-expiration.
« Le but de la pratique de yoga sera de nous faire accepter ces aspects obligés de la vie sans en être affectés, ce qui veut dire que les changements subis à cause des couples d’opposés, les à-coups affectifs et émotionnels qui en résultent et la compréhension intellectuelle qu’on en a seront mieux intégrés dans un tout qui prend du sens. »
« La philosophie du yoga et les applications pratiques qui en découlent sont construites autour des couples d’opposés qui ne peuvent se concevoir isolés et qui n’ont pleine signification que liés. »
Pour les connaisseurs, ces concepts sont évoqués dans les Yoga Sutra de Patanjali : abhyasa-vairagya (YS I 12), sthira-sukha (YS II 46) et prayatna-shaitilya (YS II 47).
Dans le Hatha-Yoga, on retrouve encore deux énergies : le Ha, souffle solaire connu sous le nom de prâna et le Tha, souffle lunaire ou apâna.
Pour conclure
« Ces exemples nous montrent le fonctionnement alterné de l’organisme dans son ensemble, tant au niveau cérébral que physiologique et physique, et l’importance de bien comprendre ce fonctionnement pour les harmoniser. »
Dans une recherche d’unité.