La conscience de respirer est la grande expérience d’un.e yogin.i.
Le yoga est une science de la respiration tant le souffle, Prâna, est l’objet d’une étude approfondie et le vecteur de la perception de nos différents corps, du plus dense, le corps physique, au plus subtil celui de l’énergie.
Pour affiner cette prise de conscience , il est peut-être utile de comprendre davantage comment nous respirons. Pour cela, je me suis référée au cours de mon professeur à l’Ecole Française de Yoga de la rue Aubriot à Paris, Jean-Pierre Laffez.
Pratiquant et enseignant de yoga de l’Énergie depuis plus de 50 ans et kinésithérapeute-ostéopathe, il m’a enseigné des notions de physiologie de la respiration appliquées à la pratique du yoga.
D’abord quelques rappels sont nécessaires et je vais essayer de résumer sans que cela devienne un cours de médecine !
Un sujet en forme est un sujet qui a une oxygénation correcte. L’organisme ne peut pas mettre en réserve l’oxygène et il doit en recevoir en permanence, du milieu ambiant, grâce à la respiration. Elle a une fonction de nutrition et d’élimination pour le corps. Elle alimente le sang en oxygène.
L’expiration est une restitution d’énergie et l’inspiration une captation.
La respiration se passe dans les poumons mais aussi par la peau. Chaque cellule respire, se reproduit et meurt. Le coeur participe aussi car les fonctions respiratoire et circulatoire sont étroitement liées.
Le nerf olfactif constitue l’organe du sens le plus ancien et en même temps celui qui s’altère le moins vite.
Pour résumer, l’air entre par le nez, où il se réchauffe et se dépoussière, puis descend dans la gorge, la trachée, les bronches comme un arbre à l’envers, l’arbre bronchique. Les bronches se terminent par des alvéoles, membranes fines et fragiles comme des bourgeons dans lesquels se font les échanges gazeux qui permettent d’oxygéner le sang et de rejeter le gaz carbonique.
Dessous se trouve le diaphragme, le grand ouvrier de la respiration et donc de la vie. Il délimite le monde de la respiration en haut et celui de la digestion en bas. Il sépare les chakra du haut de ceux du bas. C’est un muscle qui ne s’arrête jamais, de la naissance à la mort.
La cage thoracique protège le tout. Un thorax largement ouvert et souple pour une amplitude optimale des variations de volume, une colonne vertébrale droite et musclée, sont les conditions indispensables pour que les poumons et le coeur soient vigoureux.
Les muscles inspirateurs, externes, élèvent les côtes et le sternum. Les principaux sont le diaphragme et les muscles intercostaux. Les muscles inspirateurs accessoires sont les muscles du cou, les sterno cléido mastoïdien (quel nom !!) et les scalènes.
Les muscles expirateurs, internes, abaissent les côtes et le sternum. Les principaux sont les muscles intercostaux et les accessoires sont les muscles abdominaux.
Voyons maintenant les applications en yoga.
Le Hatha-Yoga par ses exercices ( âsana et prânâyâma ) est une méthode globale, psychique autant que somatique, prenant en compte essentiellement la respiration. Il agit également sur les fonctions musculaire, articulaire, digestive… mais aussi sur les structures par le travail postural.
L’exercice physique, activant la circulation du sang, véhicule des échanges gazeux. L’oxygène est l’agent de combustion et de transformation des substances nutritives et toutes les régions du corps qui stockent ces substances doivent recevoir cet oxygène.
Dans une séance de Hatha-Yoga, les exercices de dynamisation, accélérant les rythmes circulatoire et respiratoire tout en favorisant la respiration tissulaire, alternent avec des temps de détente et de tenue de la posture en statique où la respiration fine et profonde améliore la résistance au stress, la souplesse des articulations et des fascias.
Pendant l’activité musculaire d’intensité moyenne, la période de mise en train va préparer l’équilibre en oxygène consommé par les tissus et celui absorbé par l’arbre bronchique.
Pour un travail intense, la dette en oxygène, due à l’impossibilité pour le système cardiaque d’avoir un débit suffisant, est contractée continuellement.
D’où l’importance d’un retour au calme après l’effort.
Il existe de nombreux types de respiration en yoga selon l’effet souhaité. Je vous laisse lire l’article, antérieur sur le blog, sur le prânâyâma qui explique en détail les effets des différents rythmes respiratoires sur l’état mental et énergétique.
Nous pratiquons en cours, dans le travail postural, des respirations particulières :
– La respiration purifiante : Elle fait partie de notre rituel du début du cours où nous nous ancrons et nettoyons nos poumons. Elle consiste en une inspiration nasale profonde qui emmagasine un maximum d’air et pendant laquelle nous tapotons notre cage thoracique de haut en bas et du sternum vers la périphérie. Cela permet d’éveiller le réflexe de contraction des alvéoles pulmonaires et de provoquer le « mélange » de l’air résiduel alvéolaire avec l’air inspiratoire neuf. Puis suit une suspension poumons pleins qui précède une expiration avec libération rapide de l’air, bouche grande ouverte. Le maximum d’air alvéolaire est évacué et ainsi l’effet de saturation de gaz carbonique disparaît immédiatement. L’afflut d’oxygène se fait sentir.
– La respiration active : Dans la posture, elle permet un retrait de l’abdomen par l’action du muscle transverse. Ainsi le diaphragme rencontre un appui solide et assure l’ouverture du thorax. Le placement, en début d’expiration, de mûla bandha, « la ligature de la racine » vient alors fixer le plancher pelvien et assure ainsi la fermeture à la base de cet « entonnoir » que constitue l’abdomen.
– La respiration ujjayi : « La bouche fermée, on doit inspirer l’air lentement par les deux narines de manière qu’il frotte depuis la gorge jusqu’à la poitrine en produisant un son. » Hatha Yoga Pradipika
La respiration ujjayi permet au diaphragme de développer une amplitude plus prononcée, assurant non seulement une bonne respiration mais aussi une circulation améliorée et un massage efficace de tous les viscères y compris le coeur. Elle repose le poumon par le ralentissement des temps respiratoires, véritable cure de détente.
– La respiration shitali : C’est littéralement la respiration rafraichissante, que nous pratiquons en fin de séance avant la méditation, où nous ressentons dans la gorge l’inspiration, le Prâna frais et agréable qui ouvre l’espace et que nous gardons en suspension poumons pleins en maintenant jalandhara bandha, la ligature du haut, menton sur le sternum. L’inspiration se fait bouche entre-ouverte, le souffle de l’air effleurant la langue recourbée comme un petit tuyau et placée derrière les incisives. shitali est apaisante, rafraichissante et énergisante.
Il existe encore de nombreuses techniques respiratoires du yoga mais j’ai évoqué celles que nous pratiquons principalement en cours. Vous pouvez compléter cette lecture, si le coeur vous en dit, par l’article sur le prânâyâma.
Le Souffle est la Vie. Le yoga est une voie de compréhension, grâce à notre propre expérience corporelle et énergétique, de sa puissance.
N’oubliez pas de respirer finement, longuement et profondément…