L’espace du coeur

« Aussi vaste que l’espace qu’embrasse notre regard est cet espace à l’intérieur du coeur. (…) Le ciel et la terre y sont réunis, le feu et l’air, le soleil et la lune, l’éclair et les constellations. » Chandogya Upanishad, VIII, I, 3

Pour la philosophie des Veda, et du Yoga, l’espace du coeur est le siège de la connaissance, de l’intelligence, de la sagesse, de la vie affective et dévotionnelle. On peut dire qu’il est le lieu de l’Essentiel !
Pour de nombreuses traditions, orientales le plus souvent, le coeur est le centre d’où émane l’étincelle de vie.

Pour la Chine ancienne, l’empereur se trouvait au coeur et non à la tête de son empire.
« Car c’est le coeur, et non pas la tête, qui est considéré en chine comme le siège des pensées, des idées. » Cyrille Javary
Dans notre tradition occidentale, l’esprit prédomine et se situe dans la tête même si les poètes ont toujours accordé une place particulière au coeur.
« Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît point. » Blaise Pascal
Car le coeur est le lieu des émotions et de la sensibilité mais aussi de l’intuition :
« On ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux. » Saint Exupéry

La Dhyanabindu Upanishad, texte sacré de l’Inde ancienne, propose une belle description de l’espace symbolique du coeur :
« Dans la région du coeur, il y a un lotus à huit pétales : au centre de ce lotus est un cercle de dimension microscopique où se trouve l’âme individuelle qui est lumière. Là toutes choses viennent au monde, toutes choses se font, toutes choses se meuvent. »
D’après Ysé Tardan Masquelier, experte de la tradition hindoue, c’est le lieu de l’expérience spirituelle. C’est un lieu de transformation.

Il peut être aussi symbolisé par un nid où niche l’âme individuelle représentée par un oiseau migrateur, hamsa. Et parfois c’est une grotte ou une caverne, guha, au centre de laquelle se trouve un diamant pur. Son éclat est altéré par les peurs, les souffrances de la vie humaine mais la lumière est toujours présente.
Les pratiques de yoga d’ouverture et d’abandon dans l’espace du coeur permettent de le nettoyer des scories qui le recouvrent et ainsi de faire à nouveau rayonner sa lumière intérieure.

Dans l’espace du coeur au niveau de la 5ème dorsale se situe le 4ème chakra, nommé anâhata. Cela signifie en sanskrit, le son non-frappé, le son subtil et à l’origine des tous les autres.
Le OM ou le nâda !
Serait-ce le son du silence intérieur ?

Mais revenons à la pratique du yoga… pour ouvrir et s’abandonner dans l’espace du coeur, les postures d’extension du haut du dos, d’ouverture de la cage thoracique sont particulièrement recommandées :
les guerriers, vîrabhadrâsana
la posture du cygne, hamsâsana
Mais le yoga ne fragmente pas le corps, au contraire il nous permet de le conscientiser dans sa globalité.
Il est donc nécessaire de préparer ces postures d’extension par des postures de latéralisation, de rotation, de flexion qui contribuent elles aussi à l’épanouissement de ce lieu central du corps. Les postures inversées également car elles mettent le coeur au dessus de la tête.
N’oublions pas la respiration ! Les souffles du haut, à l’inspir prâna, et du bas du corps, à l’expir âpana, s’unissent dans cet espace. Leurs fonctions réciproques d’ouverture et de nettoyage participent à faire briller le diamant du coeur.

Revue Infos Yoga n°126

La méditation enfin, car méditer c’est « se porter en son milieu », trouve dans l’espace du coeur son lieu privilégié d’écoute du silence intérieur.

  • L’espace du coeur, Revue Française de Yoga n°5 – F.N.E.Y

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